FEUILLE D’OR
Michel Lenormand, Elbeuf (Seine-Maritime)
Michel Lenormand est arrivé dans la boucherie comme il aurait pu arriver dans la boulangerie ! Ce sont ses parents qui, lorsqu’il avait 15 ans, lui ont trouvé un emploi. « Tu seras boucher mon fils ! ». Il passe alors son CAP dans l’Eure, puis part faire une saison à Deauville. Les trois mois d’été passés, il part pour la région parisienne, où il travaille pendant deux ans. Il revient ensuite en Normandie, à Rouen d’abord, un an, puis à Elbeuf, dans une très grande boucherie où il restera 20 ans. Ce sera là sa plus belle expérience en tant que salarié, l’endroit où il apprendra à réellement bien travailler la viande. Quand son patron décide de vendre son affaire, Michel préfère s’écarter, la boutique est un peu trop grande pour lui. Mais il choisit tout de même de se lancer et c’est ainsi qu’à 40 ans, Michel reprend une boucherie un peu plus modeste, toujours à Elbeuf, belle agglomération de 12 000 habitants, à 15 kilomètres de Rouen.
Michel est un boucher de la plus pure tradition, et il tient à le rester. Sa force : il est le seul boucher abatteur de sa ville. Depuis 20 ans, il fait confiance à son marchand de bestiaux qui lui trouve de bonnes bêtes dans des fermes à 5-6 kilomètres aux alentours. Et sur toutes ces années, Michel n’a jamais été déçu, son marchand sait bien ce qu’il cherche : de la qualité et du goût ! C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne discute jamais les prix, que les grandes enseignes en prennent de la graine ! Pour le veau, l’agneau et le porc, Michel s’approvisionne directement à l’abattoir voisin du Neubourg, où il se rend tous les lundis matins pour choisir ses carcasses. Et puisqu’il souhaite rester dans la pure tradition, Michel ne propose pas de rayon traiteur, pas même de spécialités bouchères crues, dont il affirme ne pas avoir besoin pour rentabiliser ses carcasses. Pour l’aider, Michel emploie trois salariés, dont un chef charcutier, et un apprenti, une espèce qu’il déplore avoir de plus en plus de mal à trouver.
À 60 ans, Michel aspire désormais à une retraite bien méritée. D’ailleurs, son fonds est à vendre et il espère trouver un repreneur d’ici l’année prochaine. Après ça, il pourra recommencer à sortir, faire du sport, et surtout, profiter de son épouse, retraitée de la fonction publique, de ses deux enfants et de ses trois petits-enfants. En attendant, cette Feuille d’or est une bien belle manière de conclure sa carrière. Félicitations !